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Cameroun : plusieurs ministres aux portes de la prison

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Selon les informations dignes de foi, il est reproché à ces membres du gouvernement le détournement de plusieurs milliards destinés à la gestion de la pandémie du Covid-19.  

Plusieurs membres du gouvernement camerounais sont dans le collimateur de la Justice. A en croire plusieurs sources, le Tribunal Criminel Spécial, juridiction camerounaise chargée des questions de détournement dont les montants excèdent 50millions, vient d’ouvrir une information judiciaire dans l’affaire État du Cameroun contre les prévenus Ferdinand Ngoh Ngoh, actuel secrétaire général de la présidence de la République, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration Territoriale, Manaouda  Malachie, ministre de la Santé, Madeleine Tchuente, ministre de la recherche scientifique etc.

Ces membres du gouvernement sont mis en cause pour mauvaise gestion des fonds alloués dans le cadre de la lutte contre  le Covid-19. Ces fonds s’élèvent à 167 milliards de francs CFA, soit 250 millions d’euros. Un pré-rapport de la Chambre des Comptes avait déjà fait fuiter en mai dernier, déclenchant le « Covidgate » camerounais. Les 171 pages du rapport complet révèlent des surfacturations, des conflits d’intérêts et de nombreuses entorses au règlement.

Manaouda Malachie, le ministre de la Santé

Il est certainement le membre du gouvernement camerounais qui est le plus épinglé dans cette affaire. D’ailleurs il a déjà été entendu à plusieurs reprises par les enquêteurs du Tribunal Criminel Spécial. Sur les 180 milliards FCFA du FMI, la partie de budget qui revenait au ministre de la santé s’élevait à 45 milliards 630 millions. Les accusations sont nombreuses et portent sur l’acquisition des équipements de protection individuelle dont les documents de comptabilité sont absents; le quasi-monopole accordé à l’entreprise Mediline Medical Cameroon SA dans l’achat des tests de dépistage et le dépassement des crédits budgétaires; l’aménagement des centres de mise en quarantaine ; l’acquisition des ambulances ; l’acquisition des équipements médicaux de prise en charge des patients atteints de COVID 19 entre autres.

 Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale

En mai 2020, les tests de dépistage sont rares sur le marché mondial. Avec son enthousiasme habituel, Atanga Nji remet 5.000 tests de dépistage de référence Q-NCOV-OIG au ministre de la Santé publique dans le cadre du « don spécial du chef de l’Etat ». En sa qualité de membre du gouvernement, il n’ignore rien des difficultés d’approvisionnement que son pays a à se procurer des tests. Paul Atanga Nji a une idée surréaliste. Le Minat, décide donc de vendre au ministère de la Santé publique, quelques jours plus tard, 15.000 tests pour la somme de 288 millions FCFA. Ce qui revient à 19.200 FCFA par test. Ce paiement représentant, selon le document signé le 11 mai 2020 du secrétaire d’Etat, Alim Hayatou et destiné au chef d’agence de BGFI-Bank Yaoundé où est logé un compte Covid-19, « les dépenses engagées par le bénéficiaire, au titre de l’achat de quinze mille (15.000) tests de dépistage rapide du Covid-19.

Le Premier ministre Dion Ngute, ordonne à Paul Atanga Nji de restituer immédiatement l’argent du contribuable. Par la suite, Ferdinand Ngoh Ngoh ordonne au ministre des Finances de lui payer 288 millions FCFA au titre des « Opérations de riposte contre le Covid-19 ».

 MADELEINE TCHUENTE, la ministre de la recherche scientifique

Seule femme membre du gouvernement présente dans le dossier,  la ministre de la recherche scientifique est mise en cause sur la gestion de l’enveloppe de 6 milliards 100 millions de FCFA qui lui a été allouée dans la lutte contre la COVID 19. Deux principales activités au cœur de l’audition : la production de la chloroquine et de l’azithromycine budgétisée à 4 milliards 054 445 000 FCFA. S’agissant de la production de la chloroquine et de l’azithromycine, Madeleine Tchuente est accusée de n’avoir pas produit les médicaments localement tel qu’elle l’avait elle-même présenté à Paul Biya, mais de les avoir importés de l’Inde pour les estampiller ensuite « made in Cameroun ». Autre curiosité, aucun de ces médicaments n’a été transmis au ministre de la santé pour distribution dans les centres de Santé. Où sont-ils donc passés ? Or, 700 millions FCFA ont été débloqués pour la rénovation de l’IMPM qui devait servir à la production des médicaments. 15 387 629 FCFA ont été utilisés à d’autres fins.

 FERDINAND NGOH NGOH, le secrétaire général de la présidence de la République

Le secrétaire général de la présidence de la République a refusé de répondre aux questions des enquêteurs du tribunal Criminel spécial à la phase des poursuites. Or tous les ministres auditionnés ont fait savoir aux enquêteurs qu’ils ont agi et payé les factures sous instruction du secrétaire général de la présidence de la république.

Plusieurs(s directeurs du ministère de la Santé et du ministère de la Recherche scientifique, ainsi que plusieurs prestataires de marché sont également visés par la procédure. Mais au sein de l’opinion, l’on redoute que cette affaire soit classée comme plusieurs autres affaires qui ont été classées aux oubliettes dans les tiroirs de la justice.

Essama Aloubou




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