Nadeen Mateky aime coiffer, un don que lui a transmis sa grand-mère. Cette artiste d’origine congolaise voit la coiffure comme un art. Nadeen Mateky participe à des défilés, montre le potentiel du cheveu et sublime la reine qui sommeille en chaque femme. La coiffe africaine est, d’ailleurs, le fil rouge de son processus créatif.
Quand je ne suis pas à la maison, je suis à l’atelier en mode création et j’ai plein de petits dessins partout, des mèches partout, des perles partout, des cauris et c’est mon petit univers, mon petit monde où je suis bien. Je mets de la musique et c’est parti.
Nadeen Mateky a un parcours atypique. Elle est née au Congo, est arrivée en France à 4 ans, puis elle est repartie en Afrique de ses 8 ans jusqu’à ses 13 ans.
C’est pendant cette période que sa grand-mère lui apprend à coiffer. De retour à Paris, elle travaille comme comptable mais elle n’aime pas les calculs.
Elle décide, alors, de se consacrer à sa passion : la coiffure. Et aujourd’hui, Nadeen Mateky est connue pour ses créations capillaires dignes des reines africaines.
Coiffes, coiffures et richesses culturelles
« Quand je fais des sculptures capillaires, je retrace l’histoire de certaines reines d’Afrique, de nos ancêtres, de nos arrière-grands-mères qui portaient leurs cheveux au naturel et qui portaient de belles coiffes, des parures. Mes sculptures sont inspirées de toutes ces coiffes ancestrales que portaient toutes ces femmes, » expose Nadeen Makety.
« Je peux faire de la sculpture avec juste ces cheveux mais j’ai toujours besoin d’une matière à côté. Par exemple, j’utilise beaucoup le raphia. Il m’arrive parfois d’utiliser aussi du fil d’aluminium pour venir poser certaines mèches dessus, pour faire monter ; de la tulle aussi, … Il y a pas mal de matières que j’utilise. Pour faire ces sculptures je me fournis de cheveux synthétiques parce que c’est une matière très maniable, dans tous les sens, et cela ne coûte pas trop cher parce que sinon je suis ruinée après, » ajoute Nadeen Makety.
Prise de conscience et convictions
Nadeen Mateky s’est donnée comme mission celle de réconcilier la femme avec la nature de ses cheveux.
“ Moi, je veux enlever cette image qui nous a toujours été mise en tête que la femme noire, elle n’est bonne à rien, qu’elle a des cheveux sales, les cheveux ‘crépus’. Pour moi, c’est un terme qui est dévalorisant. C’est une manière de me mettre en valeur et aussi toutes les femmes et surtout la femme africaine, étant donné que je suis moi-même une femme africaine, et leur dire : ‘vous êtes belles avec votre peau ébène, vous êtes belles avec vos cheveux naturels afro, vous êtes belles comme vous êtes, donc acceptez-vous’, » déclare la styliste capillaire.
« Aujourd’hui, il y a des gens comme un monsieur que nous appelons Nsibentum qui a été baptisé ‘cheveutologue’ et nous travaillons souvent ensemble. Lui, il est là pour transmettre aux femmes ce savoir-faire. C’est un homme mais il parle du cheveu comme si c’était une femme. C’est très étonnant. Je trouve que c’est une très bonne chose et je vais continuer à le faire, » conclut Nadeen Mateky.
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Avec RFI