Honorine Yao repousse les limites. Âgée de 43 ans, cette Ivoirienne d’origine s’est donnée pour mission de démocratiser le secteur de la mécanique en inspirant d’autres filles à emboîter ses pas.
À la suite de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2010, elle obtient l’asile politique en France. Sur sa terre d’accueil, elle décide de s’engager en ouvrant un garage de réparation de voiture à Nogent-Sur-Oise au 28 rue des Tillet. Depuis quelques années elle se fait démarquer par la qualité de travail dans un domaine bien masculin.
En Core d’Ivoire, elle faisait une formation en hôtellerie mais sa passion pour la mécanique était connue de tous.
« La mécanique je l’ai appris sur le tas dans mon pays. En face de la maison de mes parents, il y avait une casse automobile avec beaucoup de mécaniciens. Je traversais la rue et j’allais les voir travailler. Puis un jour l’un des mécaniciens m’a demandé de démonter une pièce. »
De cette expérience, est née une folle envie de continuer et se perfectionner. Sauf qu’en face la reticence des parents . Honorine, garde encore une cicatrice d’un coup qui justifiait le désaccord de son père qui souhaitait autre chose pour sa fille.
« Quand il est décédé je suis repartie faire de la mécanique dans la casse, mais cette fois c’est ma mère qui n’approuvais pas, je l’entends me dire : c’est un métier d’homme, tu devrais plutôt te marier.«
Après 4 années en France elle suit une formation de huit mois à l’AFPA de mécanicienne pour être diplômée. Diplôme en poche, elle ouvre son garage. Sa spécialité reste les voitures. Son plus grand bonheur c’est quand elle retourne les voitures à ses clients toujours satisfaits de son travail.
« Les gens sont contents d’avoir un véhicule qui repart au bout de 30 minutes quand le problème est réglé… Je répare en moyenne une vingtaine de véhicules par semaine… Un monsieur est venu la dernière fois pour sa voiture qui était en panne. Quand j’ai voulu la pousser pour la rentrer au garage, il m’a dit : laissez, je vais le faire, c’est trop difficile. J’ai répondu que si je pouvais sortir un bloc-moteur toute seule, j’avais de la force pour pousser une voiture. À ce jour je n’ai pas eu de retours négatifs sur mes réparations. Je prends mon temps pour réparer une voiture, je ne me presse pas, pour un travail de 6 heures, je prends une heure de plus, je contrôle, je nettoie, tout doit être parfait. Les femmes sont plus minutieuses » , raconte Honorine au Parisien.