Selon le rapport intitulé « Le trafic illicite de produits médicaux en Afrique de l’Ouest », publié en août par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ce trafic est accentué du fait de la corruption, l’insécurité, ainsi que la faiblesse des marchés et de la réglementation.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) vient de produire un rapport qui trace le circuit des produits médicamenteux illicites. Dans ce rapport intitulé « le trafic illicite de produits médicaux en Afrique de l’Ouest », l’on apprend que cette partie du continent est devenue un terrain fertile pour les produits médicamenteux illicites.
Selon le rapport, les médicaments entre 20 et 60 % des vaccins, préservatifs, tests de dépistage et autres dispositifs d’injection vendus sur l’espace communautaires proviennent des circuits illicites.
Le même rapport note qu’en 2019, la vente de ces produits atteignait déjà le milliard de dollars (quelque 935 millions d’euros), selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), une valeur supérieure à celles générées par les trafics de pétrole brut et de cocaïne.
Toujours selon le rapport, deux circuits se distinguent. Le premier, concerne le départ des cargaisons à partir d’usines clandestines installées sur le continent (Maroc, Sénégal, Nigeria, Ghana) ou en Asie (Inde et Chine) avant d’être écoulées par des vendeurs de rue ou sur les marchés de plein air. « Un réseau de trafiquants guinéens, illustre le rapport, peut demander à un producteur en Inde de reproduire du paracétamol à un dosage inférieur pour en réduire le coût. »
Le second, issu de la production légale, peut être dérouté à plusieurs moments de la chaîne. Un fabricant officiel peut être tenté de joindre à une commande des lots sous-dosés du même produit ou même inactifs, difficilement détectables aux passages de douanes. Les réseaux de distribution, légitimés par les autorités, ont aussi leur zone d’ombre. Les organismes publics et les grossistes privés homologués voient une partie de leurs stocks détournés par des agents corrompus, parfois avec la complicité de pharmaciens ou même de médecins vers des établissements de santé ou l’étranger.
Un dernier round du trafic, les grossistes ou pharmaciens peuvent être tentés de se délester de marchandises dont les dates de péremption arrivent à terme ou sont dépassées en les cédant à des particuliers qui les revendront dans la rue. Mais l’inverse est aussi possible, révèlent les auteurs, quand pharmaciens et propriétaires de dépôt, « pour s’assurer de revenus plus importants », viennent se fournir auprès des grossistes illégaux qui exposent des stocks de médicaments dont les emballages semblent authentiques sur les marchés de plein air, comme à Sankariaré, l’un des plus grands de Ouagadougou.
Selon le rapport, « La mondialisation et la complexité des chaînes transfrontalières ont compliqué le contrôle de la qualité des produits et le suivi des contrefaçons, avancent les auteurs du rapport. En 2021, l’Institut de sécurité pharmaceutique (ISP) a enregistré une augmentation de la criminalité liée aux produits médicaux de 38 % par rapport à l’année précédente. » Et la conséquence selon l’Onu, chaque année, rien qu’en Afrique de l’Ouest, un demi-million de personnes meurt à cause de médicaments illicites.
Essama Aloubou