BizME.fr Freelances, plus forts ensemble.
Accueil / Bénin: « Mon plaidoyer pour qu’on enferme tous les journalistes ! « 

Bénin: « Mon plaidoyer pour qu’on enferme tous les journalistes ! « 

Partagez ceci :

Le journaliste Casimir Kpédjo, Directeur de publication du journal Nouvelle Économie a été arrêté jeudi 18 avril 2018 par des agents de la police républicaine à son domicile. Une arrestation que plusieurs organisations et personnalités ont qualifiée d’atteinte à la liberté de presse.

« Mon plaidoyer pour qu’on enferme tous les journalistes », a ironisé le journaliste béninois et amoureux des lettres Thanguy Agoi, lisez plutôt !

Mon plaidoyer pour qu’on enferme tous les journalistes !

Il y a eu des réactions diverses à mon égard au sujet de la garde à vue de Casimir KPEDJO, journaliste de métier que je respecte : des plus virulentes aux plus timorées…certaines étaient carrément des prises à partie. Dans le lot, la grande vague des donneurs de leçon qui estiment, peut être à raison, que le journaliste n’est pas au dessus de la loi. « Qu’il subisse aussi la crucifixion, si sa faute l’exige », ont-ils réclamé. Dans le rang de ces légalistes, il y a un ami d’enfance, policier de profession, à qui j’avais rendu un service. Il était venu me voir un jour vers 2h du matin pour me supplier de parler d’une injustice qui risque de briser sa carrière. C’était dans l’affaire « policiers de l’aéroport ». Pour la circonstance, il s’est bien accoutré de façon à éviter d’être reconnu, a garé sa voiture 6 rues avant ma maison. Il ne voulait en aucun cas porter ouvertement sa propre lutte dont l’issue décidait de sa carrière, de la vie de ses enfants, de ses parents…l’action que j’ai préconisée a porté ses fruits, modestement. À la place d’une radiation comme c’était de tradition dans le temps, il a écopé d’une affectation loin de Cotonou. Et c’est lui qui défend l’idée qu’on emprisonne le journaliste dès lors qu’il se permet de donner des informations inexactes, et qui me le sert dans la face. À tous ceux qui pensent ainsi, je vous dis ici et maintenant que j’approuve aussi. Ensemble, levons nous et réclamons tous des prisons pour les journalistes jugés indélicats et sans professionnalisme. Oui, c’est de notre faute en effet que le Bénin est coincé sur le chemin du développement, que son image est ternie à l’international. C’est la faute des journalistes quand il n’y a pas l’eau pour tout le monde, l’école pour les enfants béninois, l’hôpital pour les malades. Les journalistes sont la gangrène de ce pays et si on les éradique, le bonheur serait immédiat. Construisons des prisons avec de hauts murs. Allons les chercher même au creux des bras de leur femme ou maîtresse nuitamment pour qu’enfin les béninois puissent vivre heureux, et du bonheur du juste qu’ils ont toujours été. N’épargnons aucun. S’il le faut même, brisons leur quelques côtes avant qu’ils atterrissent au bagne. Et quand il n’y aura plus de journaliste, cher ami d’enfance bien aimé, flic très éclairé de la république, fortement attaché aux lois, tu pourras compter sur ta femme pour te sauver de la prochaine brimade qui ne manque jamais dans ce genre de milieu professionnel qui est le tien. Ensemble, emprisonnons les journalistes.

Thanguy Agoï

Pour rappel, il est reproché à Casimir d’avoir diffusé par le biais des réseaux sociaux sur la page facebook de son journal et sur « d’autres structures en ligne » notamment les parutions numéro 126 et 127 du journal la nouvelle économie des « informations qualifiées de fausses » contre l’économie béninoise.




Traduction »