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Louise Mushikiwabo

Dette africaine : la cheffe de l’OIF préfère un ‘moratoire’ à une ‘annulation’

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L’Afrique ne veut pas de traitement spécial. C’est la position exprimée jeudi 23 avril par la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, sur la question de l’allègement de la dette africaine qui continue de faire débat. Cette dernière plaide plutôt pour un gel dont la durée devrait s’étendre jusqu’à fin 2021. Prenant ainsi le contre-pied du président français Emmanuel Macron et son homologue sénégalais Macky Sall.

« Il n’y a pas que l’Afrique qui est frappée économiquement, le gouverneur de la Banque de France, ce jeudi 23 avril, parlait de l’économie française qui fonctionne aux deux tiers. Mais l’Afrique jusqu’à présent n’a pas été aussi frappée que l’Europe ou l’Amérique », a-t-elle soutenu dans un entretien exclusif, accordée à France 24 et RFI.

Louise Mushikiwabo réagissait notamment à la question de savoir s’il faudrait craindre une catastrophe économique pour le continent, face aux conséquences de la crise liée au Covid-19.

Concernant l’annulation de la dette, sa réponse est sans équivoque. « Moi-même et cette équipe d’Africains internationalistes, beaucoup d’entre nous, des sommités dans le domaine de la finance et de l’économie internationale, nous demandons plutôt un moratoire, un gel sur le paiement de la dette puisque l’Afrique, comme le reste du monde, doit trouver l’espace et le temps de s’adresser à cette question très épineuse de la maladie et puis ensuite remettre ses économies sur les rails« .

« En réalité, l’Afrique ne veut pas de traitement spécial, l’Afrique veut comme tous les autres grands pays en Europe et ailleurs qui ont pris des mesures économiques importantes, ont même changé des lois pour pouvoir gérer cette crise et ensuite se préparer à remonter leurs économies après la crise. Donc pour nous ce qui est important c’est ce gel si vous voulez. Il y a encore à faire effectivement, c’est ce qu’on a publié dans cette tribune parce que d’abord il faudrait considérer tous les pays africains. Aujourd’hui, ce ne sont pas tous les pays, c’est un bon nombre, c’est un bon début mais cette maladie ne discrimine pas les grands ou les petits, ça se voit même à travers le monde ».

« Ensuite le moratoire qui va jusqu’en 2020, ce n’est même pas jusqu’à fin 2020, c’est moins d’un an. Nous aimerions beaucoup que cette période s’étende jusqu’à la fin de 2021, ensuite, un échange franc et productif sur le secteur privé africain. Beaucoup de pays ont pris des mesures pour accompagner et faire en sorte que les entrepreneurs et les grandes sociétés à travers le monde puisse ne pas être emportées par cette crise et l’Afrique en a vraiment besoin. Il en va aussi de la nécessité d’emploi. Beaucoup d’Africains aujourd’hui, surtout dans le secteur informel, se retrouvent sans emploi donc cela aussi c’est une discussion que l’on aimerait voir entre les dirigeants africains et leurs créanciers ».

Cette dernière note par ailleurs que « l’Afrique a été très prudente dès le début de la crise ».

« Presque tous les pays africains ont pris des mesures pour se protéger et pour limiter la propagation de la maladie. Vu la faiblesse qui existe dans certaines économies africaines, l’Afrique n’étant pas un seul pays mais plusieurs pays avec des variantes du point de vue économique, certaines s’attendent, même si les effets sont déjà là, à avoir beaucoup de pièces à ramasser à la fin de cette crise », soutient l’ancienne ministre rwandaise des Affaires Etrangères.

A noter que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), est parfois perçue comme un outil d’influence de Paris.




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